“Je suis né dans un monde qui commençait à ne plus vouloir entendre parler de la mort et qui est aujourd’hui parvenu à ses fins, sans comprendre qu’il est du coup condamné à ne plus entendre parler de la grâce.
” La présence pure (1999)
Ecrire le deuil 1
LES DEUX BORDS DE LA MEMOIRE
“Personne, au fond, ne croit à sa propre mort, ou, ce qui revient au même : dans l’inconscient, chacun de nous est convaincu de son immortalité.” Pour Sigmund Freud, la mort de soi, irreprésentable, conduit aux difficultés du deuil de l’autre, tant le refus d’identification nécessite un véritable travail psychique.”
Dans Journal de deuil (2009), Roland Barthes pense que le “vrai deuil [est] insusceptible d’aucune dialectique narrative”. p. 60
Cependant ,
“le “Travail” par lequel (dit-on) on sort des grandes crises (amour, deuil) ne doit pas être liquidé hâtivement ; pour moi il n’est accompli que dans et par l’écriture.”
p. 143
Ecrire le deuil 2
“La naissance n’est pas un acte, c’est un processus. Le but de la vie est de naître pleinement, mais sa tragédie est que la plupart d’entre nous meurent avant d’être vraiment nés. Vivre, c’est naître à chaque instant. La mort se produit quand on cesse de naître. Physiologiquement, notre système cellulaire est en état de naissance continuelle ; mais psychologiquement, la plupart d’entre nous cessent de naître à un certain point.”
“ ... quelle imbécile vérité que le matérialisme !”
“La mort est une refonte de l’être dans le processus de la vie. La conscience se résorbe dans le code génétique. L’homme redevient alors chaque forme de vie qui a existé, existe et existera jamais. [...] Au moment où la conscience se retire du système nerveux et se refusionne au code génétique, nous revivons toute vie depuis et après notre arrivée sur la terre et pré-voyons toute vie jusqu’au départ de la terre, et après. Le mythe de l’Arche de Noé est une pré-image unique, une carte futuriste de Son Jeu de Cartes infini.”
“Un jour, disait Van Gogh, nous prendrons la mort pour aller dans une autre étoile.”
JONAS LA SECONDE NAISSANCE
Me suis-je condamné à séjourner, tel Jonas, dans le ventre d’une baleine ? Si tel est le cas, que vais-je y apprendre ?
Dans “le complexe de Jonas”, Bachelard constate que le mythe de Jonas est celui d’une seconde naissance, soit d’une initiation. « Un élément du mythe est souvent aussi oublié par la psychanalyse. On oublie en effet que Jonas est rendu à la lumière. Indépendamment de l’explication par les mythes solaires, il y a dans cette “sortie” une catégorie d’images qui mérite attention. La sortie du ventre est automatiquement une rentrée dans la vie consciente et même dans une vie qui veut une nouvelle conscience. On mettra facilement cette image de la sortie de Jonas en rapport avec les thèmes de la naissance réelle - avec les thèmes de la naissance de l’initié après l’initiation - avec les thèmes alchimiques de rénovation substantielle. »
in La terre et les rêveries du repos (1948)
La “seconde naissance” est une métaphore pour signifier la triple aspiration vers l’antérieur, l’infini et le vertical.